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15 septembre 2011. Alors que la Syrian Computer Society contrôle l’ensemble du web syrien, Telecomix sort les griffes et prend le contrôle de la totalité de l’infrastructure Internet du pays. “Quand les Syriens se connectaient à Internet, ils étaient automatiquement redirigés vers notre page”, explique Okhin. Sur l’écran, un message : “Nous sommes Telecomix, nous venons en paix, votre activité en ligne est surveillée. Voici un lien avec des outils pour vous protéger.”



L’affaire retenti. Les médias se saississent de l’histoire. Le monde prend conscience que sous le régime de Bachar El Assad, la répression est physique mais aussi virtuelle. Dans certains cas, le virtuel mène à la répression physique. Pendant l’opération, Okhin a beaucoup discuté avec les Syriens qui lui ont demandé de l’aide pour utiliser ses outils. Certains, ayant échappé au gouvernement après avoir été torturés, lui ont raconté les méthodes d’interrogatoire du régime.



“Ce que certains Syriens m’ont dit, c’est qu’au début de l’interrogatoire, les services secrets leur demandaient de se connecter à Skype, Facebook et Twitter afin de récupérer leurs mots de passe. Ils pouvaient ainsi faire le lien entre les pseudonymes qu’ils utilisaient sur Internet et donc reconstituer tout ce qu’ils voulaient”. Quels sites ont-ils visité, à quelles personnes ont-ils parlé… Tout aurait servi de prétexte pour arrêter les Syriens qu’ils avaient en ligne de mire.


Pour les agents Telecomix de l’Opsyria, la situation est lourde à gérer. “En plus de ta journée de travail, tu passes six à huit heures à discuter avec les Syriens, à essayer de les aider. Nous avons noué des liens avec certains, nous discutions avec eux par message privé. Et parfois, ils disparaissaient d’un coup. Là on savait que ces personnes s’étaient faites arrêtées, étaient probablement mortes”, glisse Okhin.



Comme lorsqu’un jour, Tomate, un des six hackers d’OpSyria, clique sur une vidéo et voit le Syrien avec qui il s’était lié d’amitié se faire torturer puis tuer. “En aout 2011, on a vu un billet posté par Tomate qui a dit qu’il avait voulu se suicider parce c’était trop pour lui, parce qu’il était devenu une machine. Quand tu t’exposes à ce genre de traumatisme alors que tu es déjà fatigué et stressé, tu ne vas pas mieux”.



Okhin parle de dépression nerveuse et de burnout au pluriel. Pour Telecomix, le hacker s’est chargé de faire des copies de vidéos Youtube attestant de l’atrocité de la répression. Pour que si un jour, Bachar al Assad passe à la barre pour crime de guerre, rien ne soit oublié et rendu invisible.







Eux aussi, ont voulu être invisibles sur le web

Bachar al Assad, répression physique et virtuelle. Pour avoir surfé sur certains fils de la Toile, des Syriens ont été arrêtés, voire pire, exécutés. Ils ont trouvé en Télécomix un puissant soutien. Témoignage d'Okhin, membre du réseaux d'hackers qui a mené l'opération OpSyria.

 

 

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Par Morgane Le Cam 


Récolte d’informations, espionnage. Depuis l’affaire Snowden et les révélations sur le tentaculaire système de surveillance de la NSA, chacun se sait potentiellement épié, pisté sur le web. Pour se protéger, une seule solution: tenter de devenir invisible. Parfois, comme en Syrie, cette invisiblité est une question de survie.


Okhin a 33 ans. Avec cinq autres agents du réseau Telecomix, le hacker français a mené l’opération OpSyria, entammée il y a quatre ans. Avant de replonger non sans douleur au coeur de ce qu’il appelle “le grand détournement”, Okhin pose ses principes. “Tu ne peux pas être totalement invisible, et je ne suis pas pour car si quelqu’un en a besoin, c’est qu’il vit dans un système opressif”. C’est dit.


MORTELLE INVISIBILITÉ

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